samedi 25 octobre 2008

"La nuit dernière"

Le 20 octobre dernier j'ai écrit ce billet, mélangeant le rêve avec la réalité et le fantasme, comme il est permis de le faire normalement dans l'écriture. Je l'ai publié ici, puis le lendemain, je l'ai supprimé. Après mûres réflexions je choisis maintenant de vous l'offrir sans aucun regret...

Il ne me suit pas, il me poursuit. Non pas de ses pas, mais de ses mots. Partout et tout le temps. C'est l'ustencil quand je me nourris, le savon quand je me lave, le regard quand je m'habille, la main quand je jouis et le dompteur quand je me fais lionne. Il y a sa voix dans mes silences, trop souvent. Homme ou fantasme ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Les deux n'en finnissent plus de s'entremêler pour me tourmenter.

Depuis quelques semaines, la louve perd ses repères et ne chasse plus. La lune perd le nord, attendant le dénouement : Une proposition ? Un rejet ? Une déception ? Une illumination ? Un sourire ? Des larmes ? L'approbation ? L'extase ? Si j'avais le loisir de choisir, je choisirais. C'est précisément pour cette raison que je ne veux pas de ce pouvoir. Pour moi, décider de ne pas choisir équivaut à cesser de respirer. Lui, il m'impose ce "non-choix" et nos échanges me déstabilisent.

Je ne connais ni ses mains, ni sa voix, ni son odeur, ni son visage, et encore moins ses intentions. J'ignore même si je souhaite le rencontrer un jour, ou une nuit. Pourtant, j'ai éteint le moteur de mon bateau, hissé la grande voile et laissé ses mots devenir mon vent.

La nuit dernière, j'ai rêvé que je le rencontrais. Il commençait par m'écrire son invitation, ses directives, ses souhaits. Une fois de plus, je savourais chacun de ses mots pendant qu'une invasion de papillons sévissait dans mon ventre. Avec dans ma main tremblante l'adresse à laquelle il m'avait demandé de me rendre, je me retrouvais marchant dans les rues de montréal. Sur le chemin, j'arrêtais dans une chocolaterie, pour lui acheter une jolie boîte de délicieux chocolats. Parce que je sais que, comme moi, il adore le chocolat. C'est dailleurs une des rares choses que je connaisse de lui.

Devant sa porte, je fouillais sa boîte aux lettres pour y trouver le bandeau destiné à cacher mes yeux curieux. Je l'installais, puis sonnais, déchirée entre l'envie d'entrer et celle de m'enfuir en courant. On venait m'ouvrir et une voix douce et autoritaire que je savais être la sienne, me guidait. Sa main prennait la mienne, mes genoux tremblaient. Il m'ordonnait de me déshabiller et de m'allonger. Il cessait de me parler pendant quelques secondes mais je pouvais l'entendre respirer et je sentais son regard me brûler cruellement la peau. L'état de vulnérabilité dans lequel je me trouvais me donnait presqu'envi de pleurer. non pas de peine, mais de désarroi. Il faisait naître sur mon corps des frissons en approchant habilement son souffle chaud de mon orreille et en y chuchotant ses désirs.

"Monsieur souhaite que mademoiselle se donne en spectacle pour lui. Après s'être caressé tant de fois dans le secret en songeant à Monsieur, il est maintenant venu le temps de le faire devant lui, pour lui, et comme il l'entend, est-ce bien clair ?"

Alors timide et désamparée, je glissais un doigt entre les lèvres de mon sexe en frissonnant. J'exécutais ses ordres avec ma volonté irrationnelle et démesurée de lui plaire.

"Je veux vous voir entrer deux doigts en vous, profondément."

"Tournez votre index lentement autour de votre clitoris et dites-moi comment est-il ? Humide ? durci ? comment vous sentez-vous ?"

"Augmentez progressivement le rythme mais ne jouissez pas avant que Monsieur ne vous donne la permission..."

Quand l'intensité dépassait la limite que Monsieur estimait raisonnable, et qu'il me trouvait trop empressée, il me demandait de tout arrêter pour lui raconter les images qui avaient peuplé mon esprit, chaque fois que j'avais jouis seule en songeant à lui. Tourmentée, le coeur au bord de la crise cardiaque et le souffle court, je lui racontais tout, dans les détails les plus pervers. Pendant qu'il me traitait de petite vicieuse, je pouvais l'entendre sourire, je pouvais l'entendre bander. Je tentais de constater moi-même, du bout de mes doigts aveugles, de la rigidité de son membre mais il me le refusait.

"Monsieur vous déconseille d'agir ainsi..."

C'était suffisant pour que je me fasse docile. La tâche de mademoiselle consistait à se laisser guider par Monsieur pour lui offrir le spectacle de son plaisir solitaire. Je craignais de jouir, mais je craignais d'avantage de ne pas le faire. Je me préocupais de l'opinion qu'il avait de mon corps nu ainsi offert à son regard exigeant, mais me concentrais sur ses paroles aussi sécurisantes qu'envoûtantes.

La nuit dernière, j'ai rêvé que je m'abandonnais totalement, en me soumettant pour la première fois de ma vie.