jeudi 6 novembre 2008

Une lune au pays des Merveilles

En pénétrant dans cet endroit magique, les mains moites, le coeur serré et le souffle court, j’ai ressenti une excitation que je ne réussirai probablement jamais à décrire. Ça dépassait tout ce que je m’étais imaginé. Des gens sobrement habillés déambulaient parmis d’autres presque nus mariant parfaitement le savoir-vivre et la perversion. J’ai tout de suite été séduite par le respect et le calme des invités. J’étais là pour observer alors sans perdre une seconde, je me suis mise à chasser avec gourmandise toutes les images qui s’offraient à moi.

Le premier élément que j’ai remarqué a été le film porno à saveur bdsm qui était projetté sur un écran immense...Mais comme mon regard ne manquait pas de stimulation, je n’ai pas vraiment suivi le film. La main de mon ami parcourant mon dos faisaient naître et renaître des tas de frissons sur mon corps et la douceur sensuelle de sa charmante copine me rassurait et calmait mes tremblements. Mes yeux savouraient le festin et j’avais la sensation de voir un peu de moi dans toutes les âmes que je croisais. C’était si bon, si doux, si excitant. Je me sentais titillée par autant de cadeaux et je soupirais en me gavant de tout ce vice. Et pour voir, j’ai vu...

J’ai vu un homme, d’une quarantaine d’années, simple, seul, droit et réservé, qui se promenait lentement en s’arrêtant parfois pour regarder les scènes. Il était visiblement voyeur, rêveur et comblé. Nous regardions souvent dans la même direction...En petite curieuse que je suis, j’ai eu très envi de m’approcher de lui, lui sourrir, le frôler, lui voler quelques mots. Je me suis plutôt contenté de le fixer de longues minutes, tentant de percer ses pensées. Étaient-elles semblables aux miennes ?

J’ai vu une femme souriante, belle et pleine d’assurance, assise confortablement sur un canapé, souriant et tenant en laisse deux hommes agenouillés devant elle, qui massaient et léchaient ses pieds. J’étais assise tout près et un de ses soumis touchait mon mollet en servant sa Maîtresse...Sa manière de leur parler en leur caressant les cheveux provoquait en moi toutes sortes d’émotions. J’étais touchée et fascinée.

J’ai vu un homme passionné des seins, demander poliment à une femme la permission de toucher sa poitrine. Devant son approbation timide, il s’est avancé presque hypnotisé, a pris dans ses mains ses deux petits seins, puis, heureux comme un enfant, il les a mis dans sa bouche pour les goûter posément malgré tout son appétit. La femme riait dans toute sa beauté pendant que son conjoint lui caressait le dos...La femme de cet homme comblé se tenait à ses côtés et se réjouissait sincèrement du plaisir de son homme. Je me sentais privilégié d’assister à ce doux moment entre deux couples, malgré un certain malaise. J’avais l’étrange impression de prendre sans donner.

J’ai vu un homme et une femme, exécuter la plus belle des danses. La main de Monsieur touchait gentiment le bout du nez de mademoiselle chaque fois qu’il claquait sa fesse avec énergie. Tout leurs mouvements avaient l’agencement d’une chorégraphie et une poésie animale. Rien n’aurait pu me faire détacher les yeux de leurs langues soudées, de leur désir brûlant, de leur corps valsants si près...et si prêts. Je me nourrissais de leur débauche, éffrontément.

J’ai vu un homme qui tounait autour de sa douce, allongée sagement sur le ventre, comme un prédateur autour de sa proie. Il la ligotait amoureusement avec de belles cordes blanches et rougissait sa peau de la manière la plus sensuelle qui soit. Parmis les gens attroupés qui regardaient la scène, j’étais là, examinant le visage de la proie. Ses petits cris attisaient ma sympathie, mon admiration et mon désir d’abandon. Son compagnon venait la rassurer en lui chuchotant des mots secrets au creu de l’orreille...Comme je l’enviais ! Elle refusait qu’il arrête, elle ne voulait être nul part ailleurs. Moi non plus.

Évidement, l’affamée que je suis a désiré un homme, avec une discrétion dont je ne m’aurais pas cru capable et dont je suis fière. Parce que chaque chose en son temps...Nous n’avons échangé aucun mot, que des regards et des sourires. Je crois avoir été la seule à frissonner lorsque nous nous sommes frôlés. Il n’a jamais su, non plus, que de ne pas glisser mes doigts sous sa cape fût un supplice pire que tout ceux se déroulant autour de nous. En apercevant ses mains (immenses!), j’ai eu envi de me pencher pour lui offrir mon derrière, comme ça. Pour qu’il le réchauffe, le pétrisse, le claque et le pénètre sauvagement...Pour qu’enfin la voyeuse cède sa place à la salope.

Pour lui, pour sa peau trop invitante, ses yeux rieurs, sa bouche, ses immenses mains et son nom que je ne lui ai pas demandé : j’y retournerai. Pour tout ce que j’ai vu, ressenti et respiré ce soir là : j’y retournerai. Pour revoir mes amis et partager avec eux : j’y retournerai. Pour connaître des gens et continuer d’avancer : j’y retournerai.

Au début de cette soirée, le désordre régnait dans mon appartement, comme dans ma tête. Il n’était pas question que je fasse de ménage, ni dans l’un ni dans l’autre. J’avais envi, que dis-je, j’avais besoin de m’amuser. Sortir. Marcher. Courrir. Avancer sur un chemin inconnu, jusque dans ce pays mystérieux qui m’appelle depuis...des lunes.

J’ai choisis de téléphoner ces amis qui savaient exactement ce dont j’avais besoin, peut-être plus que moi-même. Ils ont proposé et j’ai pris le temps de réfléchir, mais pas trop. Je craignais de changer d’avis. Je savais que le temps était venu pour moi d’aller voir de plus près cet univers qui m’attire tant. Pourtant, dès que j’ai accepté, je me suis mise à trembler.

Ils ont eu la gentillesse de venir me chercher et de m’amener là où je souhaitais être, où je devais être. Là où des gens se dévoilent, ou d’autres se régalent du spectacle. Là où chacun a sa façon de s’amuser. Je n’ai été qu’une simple observatrice mais me suis pourtant sentie plus concernée et plus impliquée que jamais auparavant.

Pour ces deux nouveaux amis que j’affectionne déjà, ceux qui m’ont invité, accompagné, rassuré et complimenté, je ressens une reconnaissance sans limite. Ils sauront se reconnaître ;-) Et pour ce qui est de ces inconnus qui m’ont sourit, ils ne se doutent certainement pas à quel point je l’ai apprécié. Cette soirée fût pour moi un grand pas. Une révélation. Une occasion d’avoir chaud, d’avoir faim, de rêver et d’accepter un peu mieux la femme que je suis.


Merci.