lundi 10 mars 2008

L'autobus du bonheur


J'ai terminé le travail à 18h, complètement crevée. La semaine dernière j'ai eu une promotion et cette semaine je me dois de livrer la marchandise question de leur prouver qu'ils n'étaient pas trop dans le champs en me choisissant. J'ai quand même ma fierté...mais ça m'épuise.

Ok, 18h. Je sors en vitesse pour attraper mon bus on chevauchant quelques bancs de neige. Bordel d'hiver. J'arrive enfin, une pancarte me dit que l'autobus est temporairement déroutée et que je dois me rendre un arrêt plus loin. Poursuivant mon périple jusqu'au prochain coin de rue, j'apercois une autre fichue pancarte me disant d'aller à un autre arrêt. C'en est trop.
Je marche et je marche, vers je ne sais où, échevelée par le vent, défaite par la fatigue. Je sais pas trop ce que je cherche mais j'espère croiser quelqu'un qui cherche la même chose que moi.

Finalement, entre deux montagnes blanches, j'apercois MON autobus... Dans un élan de désespoir, ou de stupidité, je lui envoie la main ! Je m'attends à ce qu'il poursuive sa route, m'éclaboussant au passage, mais non ! Il s'arrête en plein milieu de la rue et me fait signe d'entrer...Un sourire en bonus. WOW. Et pas n'importe quel sourire. En fait c'est le plus doux, le plus réconfortant, et le plus charmant de tout les sourires que j'ai aperçu depuis longtemps.
Je sais, un sourire demeure un sourire, rien de plus. Ceci dit, un peu de rêve n'a jamais tué personne, pas vrai ? Et très sincèrement, si tout se serait arrêté après cet incroyable, merveilleux et époustoufflant sourire, j'aurais été comblée et c'aurait probablement été le plus agréable de tout mes retours à la maison depuis le début de cet interminable hiver. Je vous le jure.

Fort heureusement, ça ne s'est pas arrêté au sourire.
Le gentil chauffeur commence par m'annoncer qu'il va vers le sud, toujours avec son sourire-de-la-mort. Or, (léger détail) pour me rendre à bon port, moi j'ai besoin d'aller vers le nord. Il voit alors dans mes yeux que je suis au bord de la crise de nerfs alors il m'invite à m'assoir en me disant d'une voix débordante de douceur : "Reste avec moi, tout va bien aller." Ouf. Soudainement, moi, je suis prête à le suivre jusqu'à québec.

La circulation est lente et complètement paralysée mais je m'en réjouis. Chaque fois qu'il en a l'occasion, il me regarde avec ses beaux yeux, et moi je lui sourie. Puis, il me rend mon sourire. Puis, je lui sourie encore... Je vais même jusqu'à lui demander en riant, si je devrai prendre tout les autobus de montréal pour pouvoir le revoir. Il va même jusqu'à me répondre en riant, que je n'ai qu'à l'attacher et l'apporter avec moi...Sacré charmeur, monsieur le chauffeur.

J'avais une telle envi de l'embrasser ! Entre vous et moi, si j'avais pu l'amener avec moi, je ne serais pas en train d'écrire, croyez-moi.
Nous avons eu quelques échanges. Il m'a questionné sur mon travail. Je lui ai demandé son âge. Il m'a dit qu'il avait eu une journée difficile. Je lui ai parlé de ma promotion. Il m'a félicité. Je l'ai remercié de sa gentillesse. Il m'a demandé mon prénom. Un paquet de phrases banales qui me donnent mal au ventre juste d'y repenser. Je suis une femme intense, que voulez-vous. Et c'est justement cette intensité qui m'a poussé, quelques secondes avant de descendre de cet "autobus-du-bonheur", à lui offrir un bout de papier où j'avais rapidement écris mon numéro de téléphone... Il l'a pris, le sourire toujours aussi radieux, peut-être même davantage... Je ne sais trop. Je suis convaincue, sans le moindre doute, que nous avons tout les deux été charmés. Par contre, je sais aussi que souvent, les hommes sont ainsi fait : Bien que certains moments leur paraissent magiques au même titre que nous les femmes, ils n'aspirent pas toujours à y donner suite. Ça arrive.

Peut-être n'aurais-je pas dû lui offrir ainsi mon numéro de téléphone...Je sais. Peut-être aussi que si j'étais descendu de cet autobus sans ne rien faire, je n'aurais plus jamais recroisé ce sourire et honnêtement, je m'en serais voulu. J'ignore si j'ai bien fait, mais je l'ai fait.

Moi qui rage, chaque matin et chaque soir, contre la STM ainsi que tout ses syndiqués de qui je me sens prisent en otage depuis le début de leurs conflits de travail (et Dieu sait que ça fait longtemps!) Je me retrouve en train d'attendre l'appel du plus charmant des chauffeurs, de qui je ne connais que le prénom, l'âge, et toute la douceur que peut contenir son sourire.

Ais-je vraiment besoin de vous préciser que je meure d'envi qu'il appelle ?!

1 commentaire:

Cloutov a dit…

C'est une très belle histoire...bonne chance!